A l’origine de Blonde il y a Blonde, un roman épais, épique, épatant de l’Américaine féministe Joyce Carol Oates, qui sait qu’une star n’est une star que si elle a une histoire dont on peut faire une histoire. Blonde n’est pas la vie de Marilyn Monroe, retrouvée morte il y a soixante ans, le 4 août 1962. Blonde est une vision, un fantasme, une œuvre d’imagination et d’extrapolation de la vie de la star.


Dans ce roman, tout n’est pas vrai, comme ces deux fils homosexuels d'Hollywood, Cass Chaplin et Edward G. Robinson, Jr., qui n’ont pas existé. Et ce qui est vrai est réinventé, transformé, réécrit pour une relecture de la légende de Norma Jeane devenue Marilyn Monroe, femme-objet victime de la violence des hommes et de la célébrité, s’enfonçant dans la folie d’une vie tragique depuis son enfance triste à sa mort malheureuse, à 36 ans.


Dans les ténèbres

Le mythe Monroe étend ses ombres et ses opportunités. Et le roman d’Oates qui romançait déjà cette vie publique se métamorphose encore, pour devenir le film d’un autre auteur, refaçonnant à son tour les images de l’actrice et de la femme la plus photographiée du monde. Blonde est le cinéma du roman d’une vie qui s’éloigne de plus en plus de la réalité dans les cercles concentriques de la fiction.


Blonde n’est déjà plus la même œuvre, plus de la littérature. C’est le film d’Andrew Dominik dans le langage formel du cinéma, dont il utilise les artefacts et les possibilités : le réalisateur australien ne cesse de combiner et recombiner ses images, dans un jeu changeant permanent avec le noir et blanc, la couleur, le cadre, le mouvement, le temps… Certains des clichés les plus connus de l’icône prennent vie, comme celle où l’on voit Marilyn dans une robe blanche fluide soulevée par le souffle d’une bouche de métro.